Alt x ≈
Festival des genres et des
sexualités alternatives.
Alternative genders and sexualities’ festival.



Résidence d’artistes autour des genres et des
sexualités



INFORMATIONS
    Alt x ≈ est une association qui pratique et pense les genres et les sexualités à travers des ateliers, des expositions, performances, discussions, projections, lectures, etc. C’est durant ces temps que nous taclons les présuposés et les stéréotypes relatifs à nos visions des genres et de nos façons de faire du sexe.



Résidence 2023




La deuxième résidence d’Alt x ≈ a réuni 9 artistes pour travailler et se questionner sur les représentations et transmissions visuelles, textuelles et performatives des plaisirs, désirs, sensualités et corporalités.

Nous nous sommes retrouvé·es avec Vinciane Mandrin, Nino André, Marjorie Garcia, Luz Volckmann, Julie Delporte, Charlotte Beltzung, Camille Pamart, Avril Avilas et Andrée Aka Aqua Femme. Il est important pour Alt x ≈ d’organiser des résidences collectives, pour que des artistes qui ménent des réfléxions similaires puissent se rencontrer, échanger et aiguiser leurs pensées.

« Sexuality is something that we ourselves create-it is our own creation, and much more than the discovery of a secret side of our desire. We have to understand that with our desires, through our desires, go new forms of relationships, new forms of love, new forms of creation. Sex is not a fatality: it's a possibility for creative life. »
Michel Foucault - Sex power and the politics of identity

« L’érotisme agit pour moi de plusieurs façons, et la première, c’est de me donner la force, cette force issue du vrai partage d’un objectif quelconque avec une autre personne. La joie partagée, qu’elle soit physique, émotionnelle, psychique ou intellectuelle, construit entre les partenaires un pont, sorte de base permettant de comprendre une grande partie de ce qu’elles ne partagent pas, et d’alléger la menace de leur différence.
Une autre fonction importante du lien érotique, c’est de souligner ouvertement et sans crainte ma capacité à éprouver de la joie. Tout comme mon corps se tend au son de la musique et lui répond en s’ouvrant, attentif à ses ryhtmes les plus profonds, chaque niveau de sensation m’ouvre la porte d’une expérience érotique épanouissante, qu’il s’agisse de danser, de construire une bibliothèque, d’écrire un poème ou d’étudier une idée. »
Audre Lorde - De l’usage de l’érotisme : l’érotisme comme puissance

Retour sur la résidence :


    Durant la résidence Alt x ≈, Andrée Aka Aquafemme a développé un set mélangeant une sélection de morceaux de reggaeton et des textes érotiques/pornographiques dont elle est l’autrice. Les morceaux choisis donnent le code au corps, la possibilité de se mouvoir, de se sentir du dedans. C’est une ouverture pour que les moments de lecture soient autant ressentis que compris.

Pendant qu’Aqua Femme enchaine, sélectionne, lis, Hypnosex (Camille Pamart, Marjorie Garcia) compose une nouvelle méditation guidée. Le duo travaille à ouvrir tous ses sens pour collecter ce qui l’entoure, textures, odeurs, mouvements, sonorités. Marjorie retranscrit les sensations, décrit les lieux, décompose les mouvements pendant que Camille crée l’environnement sonore de la méditation en dessinant de la musique sur Sunvox ou en jouant du Butaphone. Le texte et le son veulent nous réveiller et nous déformer le corps, s’imaginer tout à fait autres.

Le travail d’Aqua Femme est achevé, les résident•es vont être son public test. Pendant que le set nous donne une vibe de tristesse horny, Marjorie pratique son yoga quotidien, elle passe par des positions d’équilibre incroyable et tient un headstand qui a l’air de durer une éternité. La fin de la performance arrive avec un dernier texte, la conclusion de l’histoire de la guéparde. L’enthousiasme que génère le set entraine une transmission de savoir le dernier soir. La DJ academy ouvre ses portes, les résident•es s’entraînent à réaliser des transitions des plus osées.



 Hypnosex


Charlotte Beltzung
  Affrontant la pluie, multipliant les glissades et chutes dans une plage qui n’est pas composée simplement de sable, Hypnosex, Charlotte Beltzung, Nino André et Avril Avilas atteignent le pays des cailloux mous. Les gros galets gris, lisses, froids et odorants se détachent dramatiquement de microfalaises et s’écrasent sous notre poids. Dans l’estuaire les marées ont formé des faux cailloux, des cailloux comme dans Xena, des cailloux lesbiennes, des cailloux de vases. Après quelques manipulations et fines observations Charlotte munie de son sac en plastique blanc, sélectionne ses favoris.

Dans l’accumulation des balades et récoltes, de coquillages en algues, Julie Delporte sent les couleurs que personne ne voit, elle illustre une branche habillée de lichens, une huitre blanchie, des feuillages fluos. Hypnosex affine leur texte en s’aidant d’une carte mentale. Avril compose le motif embrasé du sauna portatif et les cailloux mous formés en boules par Charlotte sèchent tranquillement. La trouvaille d’Andrée Aka Aqua Femme de ce qui s’apparente à un cubitus de cheval noirci par les marées, marque le temps de rentrer et pour Charlotte de modeler les boules de vase en petits pots. Patiemment, elle arrive à former les pâtes froides et molles. Matière sensible, il faut leur laisser le temps d’évaporer l’eau de mer en eux.
Julie Delporte


Avril Avilas



Avril et Charlotte partent à vélo, ramasser les branches les plus sèches sur les chemins, elles sélectionnent les lianes ondulées et rejettent les branches humides au coeur. Le moment est venu, les petits pots sont prêts. Charlotte les dispose dans la cheminée tout autour d’une petite tente de branche en feu. Elle les rapproche, tout en les tournant sur eux-mêmes. La tente de feu prend de l’envergure au fur et à mesure que les pots s’assèchent. Charlotte a chaud les mains dans le feu. Elle gratte les bûches fait tomber les braises. Bientôt les petits pots sont accueillis dans la cabane de braises et commencent à rougeoyer. Les buches se consument doucement pendant qu’on discute après le dîner. Il faudra attendre le matin pour délicatement sortir les pots des cendres. Seulement un pot s’est brisé, les autres ont tenu et pris diverses couleurs, une base beige des rougeurs, des traces de fumées, des picots de braises. Charlotte offre un petit pot à chaque résident•es qui repart avec l’odeur de soufre soigneusement emballée.



Ce temps de résidence a permis une reprise en douceur pour Luz Voclkmann qui a travaillé sur le premier chapitre de son prochain roman. Vinciane Mandrin + Nino André ont accompli un grand travail d’organisation et de valorisation des projets passés et ont ébauché leurs prochains projets d’écritures et de performance.

Durant certaines préparations de repas Marjorie Garcia lit à Avril Avilas des textes théoriques pour mieux les saisir ensemble, on bute sur un mot à traduire en éminçant les échalotes, ou sur un terme technique en ajustant la chaleur sous les casseroles. Qu’est-ce que cette vision nous apporte, qu’est-ce qu’elle nous permet malgré ces limites, comment est-ce qu’on agit avec elle ?

Les repas étaient l’occasion d’aborder des questions liées au travail d’artiste, échanger sur les modes relationnels ou bien nous immerger dans l’univers complexe des Furby. Un soir, Hypnosex nous a emmené dans un monde parallèle appelé D.E.B.S. un 💎 du cinéma des années 2000.



Images: Mega Furbz + collage D.E.B.S.

Avant de se coucher, Avril demandait aux personnes encore dans le salon s’iels voulaient bien raconter leurs histoires de rencontres amoureuses. Nous avons été bercés de doux récits lesBIens et trans, réels, vécus. Une autre forme de collecte de ce qui fait du bien, de nos existences, de nos (non) stratégies de séduction et de nos amours.

Le jour où le groupe avait l’envie de se baigner, la mer était haute pour le coucher du soleil, toustes les résident•es sont allé•e•s sur la plage, les courageux•ses Hypnosex, Avril, Nino et Andrée sont allé•es se bruler la peau pendant que Charlotte, Julie, Vinciane et Luz regardaient le soleil rose glisser dans l’eau.